Le marché de l’immobilier ancien à Paris fermé aux ouvriers et employés

Le marché de l’immobilier ancien à Paris fermé aux ouvriers et employés

La gentrification de Paris et de l’Île de France ne fait plus de doute. L’étude des notaires du Grand Paris établit en effet que 86 % des acquisitions d’immobilier ancien dans la capitale ont été réalisées par les CSP+ (cadres, professions libérales, chefs d’entreprise, artisans, professions intermédiaires) en 2018.

S’il est vrai que les CSP+ sont plus nombreux en Île de France (58 % en 2015 selon l’INSEE) que dans le reste de la France (47 %), cela n’explique pas tout.

La disparition progressive des employés et ouvriers à Paris

Depuis 20 ans, le nombre des ouvriers et employés qui acquièrent une résidence principale à Paris ne cesse de diminuer, de même qu’en Île de France. La flambée des prix a entraîné une réduction sans précédent de la part des acheteurs de cette catégorie de 15 % en 1998 à 5 % en 2018 (en Île de France, elle diminue de 27 % à 19 %). Dans le même temps, la part des cadres achetant un logement passait de 27 à 37 % en Île de France.

L’augmentation du nombre de couples de cadres acquérant un logement (+ 9 moins en Île de France et + 7 points à Paris) tend à renforcer cette standardisation sociale. Ils remplacent peu à peu les couples dont seul l’un des membres est cadre, l’autre étant non-cadre (- 2 points), voire au chômage (- 5 points).

Source : Etude Notaires du Grand Paris 2019

Une gentrification qui atteint ses limites

L’étude de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme publiée en juin 2019 montre que la capitale et sa banlieue ouest (Hauts-de-Seine notamment) se sont enrichies depuis le début des années 2000, alors qu’à l’opposé, le nord-est de Paris et de l’Île de France (Seine-Saint-Denis par exemple) s’appauvrit. Les foyers modestes ne sont maintenus dans les villes et les quartiers les plus riches que grâce aux logements sociaux que chaque ville a l’obligation de construire depuis la loi SRU de 2000.

infographie le figaro acquereurs logements anciens csp

Part des acquéreurs de logements anciens par catégories socioprofessionnelles – Infographie Le Figaro

Ce phénomène s’est accéléré avec la crise de 2008, s’étendant à Alfortville, Saint-Ouen, Clichy. Il est encore renforcé par les projets d’aménagement colossaux :

  • extension de la ligne 14 du métro,
  • ZAC du Bac à Asnières,
  • ZAC des Docks à Saint-Ouen, etc.

Il faut ajouter que l’uniformisation sociale est sensible même à l’intérieur des villes, la mixité sociale n’était qu’un leurre. Ainsi, les quartiers les plus aisés de Colombes se situent près de Garenne-Colombes et Bois-Colombes et on retrouve les moins aisés du côté d’Argenteuil et Bezons.

Les ménages de classe moyenne qui ne peuvent bénéficier des logements sociaux sont conduits à fuir Paris et la petite couronne s’ils veulent acquérir un logement. Mais l’augmentation constante des prix de l’immobilier parisien, proches des 10 000 €/m², impose aussi désormais aux ménages CSP+ de s’éloigner du centre parisien s’ils veulent acheter un logement plus grand.


Source: actual – Le marché de l’immobilier ancien à Paris fermé aux ouvriers et employés